Thomas Mazurek - Analyste en Transaction Services : "La vie est tout sauf simple : rebondir est obligatoire !"
Confiance #3
Bienvenue sur ma toute nouvelle newsletter, Confiance ! Confiance propose des interviews et portraits de jeunes diplômés entrés dans la vie active, qui vous ressemblent dans un monde qui change.
Méthodique, rigoureux et organisé. C’est toujours ainsi que j’ai su percevoir notre jeune diplômé du jour. Depuis les bancs de l’école jusqu’au monde du travail, Thomas Mazurek, analyste en Transaction Services à Deloitte, a toujours su ce qu’il voulait et ce malgré les crises ou obstacles. Au-delà de son métier, il revient de manière exhaustive et honnête sur son parcours pour Confiance, doté d’une ambition assumée dans un océan d’incertitudes. Bonne lecture !
L’interview
Hello Thomas, j’espère que tu vas bien ! Le terme “Transaction Services” ou TS peut faire peur ou bien ne pas être assez clair pour nos lecteurs. Serait-il possible que tu reviennes en détails sur ce secteur de la finance et finalement ton poste actuel ?
Diplômé d’Audencia Business School en 2020 (Master en Corporate Finance), j’ai effectué 2 stages en TS (chez EY, puis chez Grant Thornton) avant d’intégrer Deloitte en CDI, en janvier 2021.
Tout d’abord, à la différence du M&A et du PE, le rôle de l’analyste en Transactions Services consiste à accompagner et conseiller efficacement nos clients (entreprises ou fonds d’investissements) dans le cadre d’opérations financières rythmant la vie des entreprises. Ainsi, le métier se veut être plus technique financièrement : nous irons plus dans les détails des états financiers, avec un constant travail d’équipe, en respectant le rythme personnel de chacun.
Quelles sont donc les types de missions que tu peux rencontrer généralement ?
Deux principaux types de missions (fournies sous forme d’un rapport) sont réalisés par un cabinet de Transaction Services :
Le sell-side due diligence, ou VDD (Vendor Due Diligence), qui concerne l’entreprise qui cède un actif. Le but est d’établir un rapport sur les performances financières passées, avec une information traitée en profondeur. L’objectif est de délivrer de l’assurance pour l’acheteur et d’optimiser le prix de cession. Ce rapport est à destination des acheteurs ;
Le buy side due diligence, qui concerne l’acheteur. Il se fait à l’acquisition, et se focalise sur des points plus précis, dans des délais plus courts (2-3 semaines). Le but est d’identifier tous les risques financiers liés au rachat de la cible afin de pouvoir prendre une décision éclairée et de se prémunir sur certains points à l’aide de clauses spécifiques.
En clair, l’analyste en Transaction Services a pour mission de rédiger un rapport exhaustif contenant les éléments suivants :
Une revue du secteur et du business pour comprendre le modèle économique de l’entreprise considérée (« Business Overview » dans chaque rapport) ;
Une analyse approfondie de la performance historique de l’entreprise ;
Le calcul de la dette nette et de l’EBITDA normatif (c’est-à-dire prenant en compte les ajustements des éléments non récurrents). Cet EBITDA sera notamment utilisé comme multiple par les banques d’affaires pour l’évaluation du prix d’achat (l’EV) ;
Le calcul du BFR (Besoin en Fonds de Roulement) moyen et du BFR normatif, utilisé aussi pour l’évaluation du prix d’achat ;
Le tableau de Cash-Flows ;
Possiblement une revue du Business Plan.
Cela fait quand même des journées assez intenses !
Le principal avantage de ce métier est que la « journée type » n’existe pas !
Comment t’organises-tu alors face à ce flux de missions ?
Bien qu’un squelette de tâches existe, nos journées sont rythmées en fonction :
De la mission sur laquelle nous travaillons (buy-side ou sell-side) ;
Du client pour lequel nous travaillons (corporate ou fonds d’investissements) ;
De l’état financier sur lequel nous travaillons (compte de résultat, bilan, flux de trésorerie).
Les missions de TS étant en général assez courtes (en général de 2 à 5 semaines), nous changeons constamment de clients, de secteurs et d’équipes, et c’est, à mon sens, une possibilité qu’offre ce métier d’élargir son éventail de compétences, et d’aborder différemment des problématiques, sous des angles insoupçonnés.
Face à cette technicité, j’imagine qu’on ne devient pas analyste TS par hasard. Quelles ont été les expériences professionnelles qui t’ont permis de débuter ta carrière sur ce poste ?
Avant d’intégrer Deloitte en tant que junior, j’ai effectué plusieurs stages lors de mes études supérieures :
De janvier à juin 2018, j’ai travaillé en tant qu’analyste en Private Equity dans un fonds d’investissements Parisien (Vatel Capital) ;
De septembre à décembre 2018, j’ai travaillé en tant qu’analyste en M&A dans une boutique à taille humaine Parisienne (Carmine Capital) ;
De janvier à avril 2019, j’ai travaillé en tant qu’analyste en Private Equity, en parallèle de mes études aux Etats-Unis, dans un fonds d’investissements Américain (Capitol Partners) ;
De janvier à avril 2020, j’ai travaillé en tant qu’analyste en Transaction Services au sein d’EY ;
D’octobre à décembre 2020, j’ai travaillé en tant qu’analyste en Transaction Services au sein de Grant Thornton.
Tu as effectué un stage de fin d’études de 4 mois au sein d’EY. À la lecture de ton parcours, on observe un attrait pour les entreprises du “Big 4” (les Big 4 sont les 4 plus grands groupes d’audit financier et de conseil au monde : EY, Deloitte, PwC, KPMG) et tu es actuellement à Deloitte. Pourquoi ne pas être resté à EY afin de démarrer ta carrière ?
En effectuant mon stage de fin d’études chez EY, la facilité aurait été de débuter ici. Seulement, comme beaucoup d’autres personnes, le covid est venu impacter mon début dans la vie active. Mon stage a tout d’abord été raccourci (de 6 mois à 4 mois), et EY m’a ainsi proposé de commencer un CDI en septembre, si la situation le permettait.
Et la situation n’était donc pas idéale.
Venu septembre, la visibilité du cabinet (comme celle de l’ensemble de l’économie mondiale) était quasi nulle, et nous avons donc décidé de rester en contact pour une potentielle reprise de l’activité.
Comment s’est donc organisée ta recherche d’emploi Thomas ?
Bien que cette situation, compliquée à gérer et encaisser, car n’étant pas de mon ressort, ait forcément eu un impact sur mon moral, j’ai préféré prendre cela comme un challenge supplémentaire. J’ai ainsi non seulement décidé de réitérer une expérience en TS en tant que stagiaire dans un autre cabinet (Grant Thornton), mais aussi de progresser en finance en m’inscrivant au CFA.
J’ai ainsi reçu une offre de CDI pour commencer en janvier 2021 chez Deloitte, que j’ai accepté.
Mes principaux outils de recherche ont été Jobteaser, Linkedin, mais aussi les sites de carrière des sociétés qui m’intéressaient.
Sur un plan personnel, comment as-tu ressenti ce passage de la vie étudiante à la vie active en faisant partie de la génération “covid” ?
Pour être honnête, je ne m’attendais évidemment pas à ça. En voyant approcher la fin de mes études supérieures, j’ai toujours voulu commencer rapidement à travailler.
Tout le monde disait que le bac+5 était un sésame pour rentrer sur le marché de l’emploi, encore plus en venant d’une école de commerce.
Bien que j’étais conscient qu’une certaine compétition serait forcément présente à l’entrée du marché du travail, le covid a multiplié cette dernière. En nous forçant tout d’abord à décaler (dans mon secteur du moins) nos emplois, nous nous sommes retrouvés face à nous-même, un diplôme en poche, sans réelle vision claire sur ce qui nous attendait.
Cependant, cette situation m’a fait découvrir qu’en temps de crise (covid ou autre), il fallait faire preuve de résilience, de sang-froid, et surtout d’adaptabilité. Bien sûr, douter et avoir peur est normal ! Mais prendre le problème de face, le comprendre même, et réfléchir à comment tirer profit de la situation en capitalisant sur ses forces, en comprenant les éléments qui permettent de progresser, sont d’autant de leçons que cette crise m’a appris, et qui m’ont permis d’en ressortir grandi.
D’une manière plus large, quel constat fais-tu de la situation pour les jeunes diplômés ?
Je pense que les jeunes diplômés n’ont tout simplement pas eu de chance … Ils étaient prêts, armés à faire de leur mieux, soucieux de bien commencer dans la vie active lors de leur 1er job, avant que le covid ne vienne forcer les entreprises à limiter, voire geler leurs recrutements.
Évidemment, la première réaction humaine ressentie dans cette situation est la frustration. La frustration d’un avenir professionnel tracé pendant nos études supérieures, payées si chères, parfois même soumises à de nombreux sacrifices, mis à mal par une pandémie mondiale, que personne n’a vu venir.
Mais encore une fois, faire preuve de pragmatisme et savoir rebondir sont deux qualités qu’auront développé notre génération, et qui, à mon sens, leur serviront plus tard.
Faire preuve de pragmatisme, savoir rebondir …
Oui, soyez pragmatique. Ne soyez pas impatient. Évidemment, cela paraît facile à dire.
Cependant, je pense être (un parmi tant d’autres) bien placé pour vous en parler.
Finalement, le covid, comme n’importe quelle autre crise (personnelle ou professionnelle) qui vous affecterait (et qui vous affectera sûrement), ne doit pas vous faire oublier que la vie est tout sauf simple, et que rebondir est obligatoire ! La frustration est évidemment compliquée à encaisser, surtout quand nous sommes victimes de la situation, mais je pense sincèrement qu’il est possible de tirer profit de n’importe quelle situation, et d’en ressortir grandi.
Merci d’avoir lu cet article ! Vous seriez intéressé de partager vous aussi votre expérience ? N'hésitez pas à me faire part de vos retours en me contactant directement par mail ou via Linkedin et à mettre un ❤️ si vous avez aimé cette interview !